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Photo du rédacteurAnatole d'Athènes

Une élection en trompe l'oeil





Nous sommes à 4 mois de la présidentielle et les sondages annoncent une majorité présidentielle autour de 25%, des Républicains et un Rassemblement national au coude à coude autour de 17%, Eric Zemmour à 13% surpassant Jean-Luc Mélenchon à 9%, Yannick Jadot à 7% et Anne Hidalgo à la traine autour de 3,5%... quels enseignements en tirer ?


Tout d'abord notons qu'un français sur deux ne sait pas encore pour qui voter ce qui rend toutes analyses aléatoires. Toutefois, en première lecture, on pourrait se risquer à constater :

  1. une faiblesse de la gauche dans son ensemble qui totalise à peine 20% et l'effondrement du leadership du parti socialise puisque les deux composantes fortes sont les Insoumis et les Verts,

  2. une droite forte qui totaliserait un petit 50%, mais divisée en trois blocs de manière assez traditionnelle finalement : droite modérée républicaine, droite bonapartiste, droite nationaliste,

  3. la fin des extrêmes au sens de l'absence de partis politiques prônant un changement radical de système et soutenus par des intentions de vote significatives

  4. une représentation populaire -cela ne se voit pas dans les sondages- qui est passée assez largement de la gauche à la droite nationaliste

Reste la persistence d'un pôle -à dessein je n'emploie pas le mot parti- de majorité présidentielle suffisamment fort pour viser une qualification au second tour. Qu'en dire ?


D'abord la force de se pôle ne se lit qu'au regard de la faiblesse des autres formations. N'oublions pas qu'il ne pèse ''que'' 25% et sa qualification probable ne tient qu'à l'atomisation des oppositions.


Enfin il n'est pas incarné par un parti. En effet, la majorité n'a pas su construire une organisation politique dans la foulée de sa victoire de 2017 : difficultés à incarner et produire des idées, difficultés à déployer au-delà des législatives -et encore pas mal de ratés dans la gestion des députés En Marche- une réelle force politique aux différents échelons du pays (municipalités, régions), difficultés à peser dans le débat autrement qu'en étant l'outil du président.


Mais, justement, ce paradoxe d'un pôle soudé et permanent sans parti, sans représentation institutionnelle, n'est-il pas le vrai enseignement à retenir des sondages. N'assisterions-nous pas à la métamorphose historique de la gauche française qui en se défaisant de ses oripeaux marxistes se transformerait en une force démocrate moderne, mais qui n'aurait pas encore trouvé son incarnation institutionnelle, son moyen d'exister. La transformation n'est pas récente, la mue est longue mais bel et bien entamée ; elle persiste à se chercher. Un homme l'avait compris et saisi en 2017, mais il n'a pas su transformer l'essai au sens lui donner une existence structurelle. Non seulement personne parmi les leaders de gauche n'a pris le relais ni même vu l'existence de cette gauche démocrate, ils ont un temps de retard !


Paradoxe du paradoxe : la faiblesse du vote dit de gauche, cache en réalité la construction d'une nouvelle force démocrate forte... la droite devrait s'en inspirer, toujours et irrémédiablement divisée. La reconduction de la majorité présidentielle, n'en déplaise aux socialistes les plus historiques, pourrait bel et bien s'analyser comme une victoire de la gauche moderne, une victoire des démocrates !



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