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Une démocratie aux pieds d'argile !

Dernière mise à jour : 15 janv. 2022


Les régionales de 2021 ont été particulièrement dures pour la démocratie en France : avec 66,6% d'abstention au premier tour -le second n'a été guère mieux-, soit un record tous scrutins confondus (hors referendum), on peut se poser la question de la réelle valeur des résultats. Dans nombre d'associations, entreprises, institutions, il existe une notion de quorum nécessaire à la tenue des assemblées générales pour justement qu'elles soient représentatives.

2021 risque d'être une étape de plus car la tendance est continue depuis plusieurs années, sapant le principe même de nos institutions... il est urgent de réagir. Quelles soient présidentielles, législatives, municipales, régionales, départementales ou européennes, toutes les élections subissent le même sort.

Rappelons juste que le droit de vote non censitaire a été acquis pour les hommes en 1848 et seulement en 1944 pour les femmes ! Dans nombre de pays le droit de vote, ou les conditions de votes, n'existe pas ou sont catastrophiques.

Le taux d'abstention est calculé en rapportant le nombre de citoyens qui n'ont pas été voter au nombre d'inscrits sur les listes électorales : ne sont donc pas comptabilisées les personnes non inscrites sur les listes (environ 4,9 millions de Français selon l'INSEE en 2004), ni les votes blancs ou nuls -qui d'ailleurs ne sont pas recensés du tout dans les résultats, or il pourrait être interessant de les mesurer.

L'abstention est inversement proportionnelle à l'âge (87% des 18-24 ans, 83% des 25-34 ans, 71% des 35-49 ans, les deux tiers des 50-59 ans, 56% des 60-69 ans ne sont pas allés voter au premier tour des régionales de 2021. Ce n'est qu'au-delà de 70 ans que l'abstention devient minoritaire, à 40%) et au diplôme (plus on est diplômé moins on s'abstient ; selon une étude de 2017, l'abstention est de 70% pour les non titulaires du bac). Elle varie aussi selon les CSP de l'ordre de 70% pour les ouvriers contre 54% pour les cadres.

Ce fossé grandissant entre la représentation politique et les électeurs doit interroger, poser question.


Est-ce une traduction du sentiment de déclassement : qu'il s'agisse des jeunes qui finalement en dehors des filières d'excellence, hautement sélectives, ont peu de perspectives de réussite ? ou de cadres qui sont à 45 ans estampillés seniors et que les entreprises déclassent comme de vulgaires produits périmés. L'abstention pourrait donc se lire comme la contraposition d'un manque de perspectives : finalement si la société est incapable de me proposer une place honorable, pourquoi aller voter ? Dans un contexte d'élévation du niveau moyen, des réseaux sociaux, de l'information partagée, de la starification de quelques uns qui ringardise tous les autres, cela pourrait traduire un rejet de la société telle qu'elle est.


Comment imaginer qu'une jeunesse qui est toujours aussi prompte à critiquer l'ordre établi, le fonctionnement de nos organisations, à remettre en cause l'experience (il suffit de la voir dans les entreprises) ne s'exprime pas dans les élections ?

Que dire des gilets jaunes qui pendant des mois sont intervenus sur les routes et ronds-points de France et de Navarre ?

Comment expliquer que pour tous sujets de société l'on retrouve sans cesse des manifestations et des batailles rangées à propos de nouvelles lois, de décisions de justice emblématiques, d'affaires médiatiques ou d'interventions politiques sur un sujet clivant ?


La politique est bien vivante et les sujets de débat ne manquent pas, pas plus que l'engagement de nombre de personnes, mais l'espace de discussion semble quitter la représentation politique pour celui de la rue !


L'abstention ne peut légitimer le débat de rue, il faut reprendre le chemin des urnes pour exprimer son désaccord, la vision de la société que l'on défend. Le débat doit réinvestir la représentation politique.


Quelques pistes de réflexion :

  • la première action porte sur la simplification. Il y a sans doute trop d'élections pour trop de mandats. La France doit accoucher d'un système politique épuré, cohérent et en phase avec la modernité post digitale

  • mieux informer des rôles des instances et des personnes élues. Il faut une lecture simple des roles et pouvoirs de nos élus, pour que les citoyens puissent mieux cerner les enjeux de chaque élection. Les systèmes trop complexes trop fins sont anti démocratiques et nourrissent une technostructure et donc un manque d'adhésion de tous

  • réfléchir à la notion de quorum et à la comptabilisation des votes blancs et nuls, car après tout c'est l'expression de personnes indiquant un besoin de changement de la représentation politique telle que présente devant les urnes

  • ouvrir le vote électronique à distance. Comment se fait-il que nous ne puissions en France voter à domicile ?

  • enfin multiplier les vocations électorales en n'autorisant pas la possibilité d'être élu à un même mandat successivement afin de nourrir une rotation des vocations.





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