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Photo du rédacteurAnatole d'Athènes

Du multipartisme au totalitarisme, il n'y a que quelques pas...

D'aucuns parlent d'une recomposition politique. Mais à y regarder de plus prêt, il faudrait parler de décomposition politique du paysage français :


. certes, on a un Président qui a rassemblé au premier tour 28% -9,8 millions de voix- sur son nom et qui a bénéficié, au second tour, d'un report de voix le portant à 58% des suffrages exprimés -18,8 millions de voix. Mais i. l'abstention a été forte, de l'ordre de 28%, ce qu'il fait qu'il a été élu sur un socle de seulement 38% d'inscrits et ii. s'il va disposer très certainement d'une majorité à l'Assemblée nationale -effet d'entrainement pour La République En Marche (La REM) complété par un attelage hétéroclite avec d'ex Les Républicains (LR), de Horizons et du Mouvement Démocrate (MoDem)- il ne dispose pas véritablement d'un parti fort et constitué autour de lui au sens d'une organisation politique, porteuse d'une vision de société et en capacité de nourrir des forces vives. En cinq années, La REM n'a pas véritablement su s'imposer, ni peser dans les institutions en dehors du sillage présidentiel ! Le moins qu'on puisse dire c'est qu'Emmanuel Macron n'émane pas d'une formation politique,


. deux opposants, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, avec respectivement 23% et 22% au premier tour Si à l'instar du premier, leur parti n'est que faiblement présent dans les institutions, en revanche ils présentent un corpus idéologique plus affirmé. Les projections pour l'heure tablent sur une centaine d'élus pour la première, le second pouvant tabler sur une cinquantaine de députés. Donc deuxième et troisième forces politiques,


. les deux partis traditionnels de pouvoir, présents dans les institutions aux différents échelons (régions, départements, communes), ont réalisé des scores disqualifiants : 4,78% pour Valérie Pécresse, 1,75% pour Anne Hidalgo -devançant certainement le déclin à venir de LR.


Si l'on pourrait être tenté de parler de recomposition au sens où les partis traditionnels seraient tous les deux supplantés par des versions plus radicales à droite comme à gauche autour d'un pole central, cela ne cache-t-il pas plutôt l'émergence d'une ère de tribuns. Dans les trois cas, aucun n'émane d'une formation politique. Ils ne sont pas issus d'un parti mais l'ont créé. Sans doute que l'hyperprésidentialisation du régime favorise-t-il l'émergence d'un homme que l'on souhaite providentiel, mais qu'en est-il de la démocratie ?

Cette recomposition est moins un transfert qu'une décomposition des partis aux bénéfices de tribuns. L'émergence de tribuns amènent à la radicalisation des positons, à une fracturation du pays et potentiellement à un pouvoir fort -le victorieux imposant sa vision- là où un régime de partis au contraire tamise utilement les positions radicales, développe le sens du compromis et forme de futurs dirigeants inclusifs. Doit-on conclure à l'instabilité du multipartisme ? le sujet a déjà été traité, il y a 70 ans par Annah Arendt, par ailleurs spécialiste de la montée des totalitarismes.




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