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De la nécessité de murs en démocratie

Une démocratie, comme toute organisation, a fortiori politique, a besoin d'un cadre pour exister et être portée. Pendant longtemps la nation a été celui-ci. C'est ainsi que la France, comme d'autres pays occidentaux, a pu construire son modèle démocratique, tout en en faisant la promotion jusqu'à faire la guerre à plusieurs reprises.

L'existence d'une limes, voire d'un ennemi extérieur, a été un catalyseur fort permettant à l'intérieur de cette frontière de se construire et de bâtir un régime où l'individu peut s'épanouir en exerçant son libre arbitre.

Depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de l'histoire -clamée en 1992 par Francis Fukuyama- l'occident a développé un modèle démocratique nouveau autour de la promotion de l'individu comme centre de la construction. La perspective d'absence de guerre a progressivement gommé la référence à l'état nation. Mais pour qu'un tel modèle puisse fonctionner et persister dans le temps, sans cadre extérieur, il faut de solides murs porteurs internes. On peut prendre l'exemple d'une bâtisse. Sa solidité et sa persistance aux assauts du temps dépendra de murs externes et/ou porteurs, faute desquels l'édifice risquerait de s'écrouler plus ou moins vite.

On est surement passé un peu vite sur ce changement car c'est une vraie révolution historique, un transfert de références important. En effet, dans les états nations il existait des murs porteurs, en plus de la frontière in/out. L'un des enjeux actuels de notre pays, c'est de savoir si ces murs sont suffisamment solides.

Traditionnellement nous avions l'école, l'armée, et la religion dont les fonctions d'éducation et d'intégration renforçaient la référence à la nation, à un partage d'un lieu commun. Le politique étant en démocratie élu, il n'est pas mur porteur en tant que tel. Force est de constater que de ces trois piliers, plus aucun ne jouent son rôle :

. l'école. C'est catastrophique tant elle peine à porter le noyau commun culturel nécessaire à une cohésion de groupe ; au motif d'un épanouissement individuel, elle s'est perdu pour devenir un moteur de la fragmentation du collectif ; par ailleurs en échouant dans son rôle d'intégration elle a laissé le champs libre au bénéfice de la télévision -alimentée par des valeurs culturelles externes- et plus récemment des réseaux sociaux, véritables bombes à fragmentation

. l'armée. Ce fût un mur porteur pendant de nombreuses années ; elle a été remplacée dans sa fonction gardienne du temple par une haute fonction publique et une bureaucratisation du pays ; s'il s'agit encore d'un pilier solide en revanche il souffre de sa boulimie d'une part, de son essence anti-démocratique de l'autre

. la religion. De monolithique, elle est devenue plurielle : elle n'assure donc plus une portance forte puisque morcelée et dans certains cas sous influence étrangère

Autrement dit le rêve, superbe, d'un espace politique de liberté, centré sur l'individu, risque bel et bien de ne pas survivre sans murs porteurs à consolider ou construire. On pourrait aussi lire l'histoire autrement : la guerre en Ukraine, en recréant une frontière, pourrait re-solidifier nos édifices démocratiques. Resterait alors à prendre soin de nos murs !


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